Un intrépide pigeon japonais qui a survolé l'océan Pacifique sera recueilli par un éleveur de pigeons de course au Canada, où il a atterri, dans l'espoir que sa progéniture soit particulièrement douée pour la course de fond, ont annoncé lundi des responsables locaux.
Le pigeon, frêle et fatigué, avait été découvert dans une base de l'Armée de l'air canadienne sur l'île de Vancouver, en Colombie-Britannique (ouest du Canada), puis emmené dans un refuge pour animaux, où il a été guéri d'une maladie commune chez les oiseaux.
"Nous pensons qu'il s'est envolé du Japon et s'est perdu ou a été happé par une tempête avant de parvenir au Canada en se reposant sur des cargos tout au long de son vol", a indiqué à l'AFP Reg Westcott, de la Mountainaire Avian Rescue Society.
Âgé de un an, le pigeon avait été lâché le 9 mai dernier avec 8.000 autres par des colombophiles du nord du Japon pour une course de 1.000 km, a expliqué mardi à l'AFP son propriétaire, Hiroyasu Takasu.
Cet homme d'affaire retraité de 73 ans, qui possède dix autres pigeons voyageurs, n'en revient toujours pas: "Je n'avais jamais entendu parler de pigeons qui ont voyagé jusqu'au Canada. C'est inimaginable!".
"Il a dû se poser sur un cargo pour finir dans un port là-bas", a-t-il poursuivi.
Généralement, un pigeon peut parcourir 650 km au plus. Celui-là en a fait 8000. Son propriétaire d'origine, dont l'oiseau portait une étiquette avec le numéro de téléphone, n'a pas voulu le faire rapatrier par avion car cela lui coûterait trop cher, a dit M. Westcott.
L'association locale de colombophilie a donc fait des démarches pour adopter l'oiseau, espérant pouvoir le faire se reproduire. "Je suis convaincu que ses petits seront très bons en course de longue distance", a commenté M. Westcott, qui a dû d'abord compter avec la méfiance des autorités canadiennes.
"On nous a demandé s'il avait des documents de voyage, et nous avons répondu qu'il était arrivé tout seul. Il a été classé comme oiseau migrateur, ce qui nous a permis de le donner, sans (avoir à remplir) les paperasses de la douane", a dit M. Westcott.
Takasu, lui, espère, que son pigeon aura une nouvelle vie au Canada. "Je serais ravi si quelqu'un prend soin de lui".
En 17 ans dédiés au sauvetage des animaux, M. Westcott dit n'avoir vu qu'une fois un pigeon qui avait réussi la traversée de l'océan Pacifique, un périple de deux ou trois semaines. L'autre pigeon avait atterri sur un vaisseau des garde-côtes canadiens en pleine pandémie de grippe aviaire, époque où de nombreux oiseaux avaient été abattus pour enrayer la propagation de la maladie.
L'oiseau avait été rapatrié vers le Japon aux frais de son propriétaire. Reg Westcott se souvient avoir également secouru un pélican brun égaré de Californie et une bergeronnette citrine venue d'Asie, qui s'était attirée à l'époque des foules d'amateurs d'oiseaux venus des quatre coins de l'Amérique, affirme-t-il.