Notre président a bien des qualités, malheureusement elles sont plutôt d'ordre privé. Il est bon vivant, amateur de friandises, intelligent, plein d'humour, honnête autant que faire se peut, fidèle au Parti socialiste, courageux quant aux décisions difficiles qu'il faudrait prendre pour relancer l'économie, résistant aux intempéries - dès qu'il met le nez dehors, il pleut et il ne s'abrite pas. Hélas, malgré sa silhouette confortablement arrondie, le costume est trop grand pour lui. "Ça peut pas le faire", comme disent les jeunes. Il n'a pas le look présidentiel ni la compagne qui va avec - excusez-nous, Mme Trierweiler, malgré votre prestance et votre beau visage, vous ne représentez en aucun cas le prestige dû à votre rang, vous dépréciez l'image de la femme française par votre abus des privilèges élyséens. Ce n'est pas trop grave.
Ce qui l'est davantage : la façon dont François Hollande a le génie de donner au citoyen le sentiment qu'il fait du sur-place alors que le temps presse, que rien n'avance, rien ne bouge, que le chômage n'est décidément pas sa priorité tant il additionne les enfumages autour des réformes sociétales. Le dernier en date, l'affaire Cahuzac, a pris une telle ampleur et tant de place que la fermeture des hauts-fourneaux de Florange n'a pas même arraché un mot de compassion au président - symbole cependant de la faillite industrielle du pays. Cahuzac a MENTI, ô rage, ô désespoir, ô mensonge ennemi ! Mais tous les politiques mentent, ils n'ont pas le choix. Hollande aussi a beaucoup menti, "les yeux dans les yeux", pour reprendre les mots de l'opprobre capital.
Il n'y a qu'à se reporter à ses promesses de campagne, et même les suivantes ("la crise est dernière nous", "la croissance sera à 1,8", "nous atteindrons les 3 % de réduction du déficit fin 2013"), pour le vérifier. Il a peut-être aussi menti pour Cahuzac et, dans ce cas, il faut lui donner raison. À supposer un scénario catastrophe : Cahuzac est un nageur isolé dans un océan de corruption, s'il a menti, c'est peut-être pour en protéger d'autres. Certes, Hollande ignore totalement son compte en Suisse lorsqu'il le nomme ministre du Budget. Après les dénonciations de Mediapart, une vague enquête est diligentée, puis une autre plus précise. L'authenticité de la fameuse cassette est demandée le 24 janvier, la réponse parvient officiellement à Moscovici le 31. Bizarre. Il n'aurait fallu que quelques heures pour valider la voix de Cahuzac. Valls, Moscovici, Ayrault, Hollande savent. Panique justifiée. Tout le gouvernement peut tomber sur un mensonge d'État. Le silence absolu s'abat dans un fracas considérable sur l'affaire. Et c'est pour la bonne cause. Sauver la République peut-être. Mais si ce scénario n'est pas le bon, cela signifie-t-il qu'ils sont vraiment incompétents ? Mieux vaut ne pas le savoir et soutenir Hollande. Il a pris des mesures, les contrats d'avenir, les chocs de compétitivité, y compris sur la simplification de la paperasse, etc.
Un président, normalement (non pas normal), a de l'autorité. Le nôtre baisse les bras au moindre conflit. L'une des mesures urgentes pour diminuer la dette est le non-cumul des mandats : où en sommes-nous, M. Hollande ? Vaguement 2015, voire 2017 ? Vous ne pourriez pas taper sur la table pour une fois ? Sauf pour la fiscalité qui, par définition, s'impose sans autre argument que son bon vouloir, il n'est pas trop énergique sur la réduction des dépenses de l'État. Exemple : sans vouloir nuire à cette pauvre dame, que fait Yamina Benguigui à son ministère et combien elle coûte ? Dans la pantomime des déclarations de patrimoine, il est à noter que peu d'élus ont des voitures, sauf hors d'âge. Réponse, les voitures de fonction. Leurs comptes courants sont pour la plupart peu alimentés. Moscovici est à moins 160 €, preuve qu'ils se servent très rarement de leur carte bleue, tout passe en notes de frais. Pas d'économies possibles dans les ministères, sauf à les réduire ? Cependant, nous devons au président de reconnaître que sa marge de manoeuvre est très mince. Que Sarkozy, tant regretté par certains, n'aurait pas fait mieux. Et justement, méfions-nous : François Hollande a été élu grâce à un anti-sarkozysme primaire. Il nous faut cesser le "Hollande bashing". Sinon, le seul cadeau qu'il nous fera sera Marine Le Pen. À chacun de voir.
Ce superbe article est signé Claire GALLOIS
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